Un article un peu long mais sympa

Publié le par Tibo


Comme je vous le disais ici, dans le cadre de mon stage dans une commission de film, ma mission de ces jours-ci est de m'occuper des avant-premières d'une série, Sable noir, diffusée sur Cinécinéma frissons et Jimmy, avant une sortie en DVD le 10 avril.

Les avant-premières ont lieu à l'endroit où ont été tournés les épisodes de la série, c'est à dire dans des coins pas possibles, la où la main de l'homme n'a jamais mis les pieds. Enfin presque.

Cette fois, nous étions trois à nous rendre sur place: moi, Michel, un collègue, et Elsa, une collègue stagiaire. Cette avant-première (dénuée de la présence de stars, autant vous le dire tout de suite - bon, il y avait moi mais peu de gens m'ont reconnu, étrangement) était source de plusieurs angoisses pour moi. D'une part, allais-je arriver en vie sachant que c'était Michel qui conduisait. D'autre part, allais-je réussir à présenter la série au public sachant que ni mon boss ni personne de l'équipe de la production n'était la.

Pour la première angoisse, je me dois de vous présenter Michel. Comment dire...Michel, c'est un peu la rencontre entre E.T. et Pierre Richard. Un garçon très touchant mais qui s'évade parfois dans un monde qui nous est inconnu. Quand nous sommes allés faire le plein de la voiture et que la caissière de la station service a dit: "Quinze euros", il n'a pas bien entendu et demandé: "Quinze quoi? Euros ou francs?".
Plus tard, il m'a regardé et m'a dit, tout sourire, "C'est marrant comme tu ressembles à Samuel Le Bihan, en fait"... Ceux qui ont déja vu ma trogne savent qu'à moins d'être borgne et de prendre de la cocaïne au petit déjeuner, il est difficile de trouver une ressemblance frappante entre moi et l'acteur du Pacte des loups.

Sachant que Michel conduisait - et que, d'une manière générale, je ne suis pas rassuré en voiture - vous comprenez à présent ma première angoisse. En fin de compte, Michel a plutôt conduit comme une limace dans le coma.

Nous sommes donc arrivés un chouïa en retard à la projection. Sur place, le gérant des lieux nous attendait en même temps qu'un conseiller général local. Nous sommes entrés dans la salle de cinéma. Une centaine de personnes était présente, soit à peu près la moitié de la salle remplie, ce qui est déja remarquable pour un no man's land comme celui-ci (mais qu'est ce que je suis méchant, moi!).

Je ne suis pas fana des discours en public. Voire même pas du tout du tout. Dans la salle, il y avait un tiers de petits vieux, un tiers de trente-quarantenaires et un tiers de jeunes. Mais finalement, dans le feu de l'action, j'ai réussi à plutôt bien me sortir de l'histoire.

A peine mon speech terminé, une femme, trente-cinq ans, m'a pris à part et m'a fait sortir de la salle. Elle gérait une école de coiffure et d'esthétique et elle voulait savoir s'il y avait moyen de travailler avec la commission du film, à laquelle j'appartiens provisoirement. Elle était enthousiaste, elle avait l'air de penser que cette commission était Hollywood et que moi j'étais Larry Weinstein. J'ai pas dit que j'étais stagiaire. J'ai pensé une seconde que son style de petite bourgeoise provinciale me donnait envie de lui faire passer un casting privé. Mais finalement, je lui ai juste dit de prendre contact avec mon boss. Elle m'a donné trente-six numéros de téléphone pour la joindre: "ça, c'est mon portable", "ça c'est chez moi en semaine", "ça c'est pour le week end"... Puis elle m'a serré la main et m'a dit: "Je suis tellement contente de vous avoir rencontré". J'ai baragouiné "moi de même" et je suis retourné dans la salle.

Je dois avouer que l'accueil des courts-métrages était assez froid. Michel a piqué du nez à côté de moi au cinquième épisode (réalisé par Olivier Megaton et qui est très chiant, il faut bien l'avouer).
A la fin de la projection, comme personne n'avait de question (les lycéens qui étaient venus avaient l'air assommés - ça leur apprendra à pas préparer de pancarte contre le CPE), on a pris "le verre de l'amitié" avec le gérant de la salle, l'élu local et deux, trois autres personnes. J'ai bien aimé ce moment: il fallait être tout gentil pour les remercier d'avoir accueilli l'avant-première. "Jolie salle de cinéma", "belle soirée", "beau verre de l'amitié", "belles...heu...chaussures"...J'avais l'impression d'être un politique en campagne électoral.

On est reparti vers minuit. Michel a fait une trentaine d'inexplicables appels de phares aux camions qui croisaient notre route. J'ai même pas cherché à comprendre pourquoi, j'étais trop fatigué.  Je l'ai laissé dans son joli monde où l'on paye quinze francs pour un plein et où je resemble à Samuel Le Bihan.

Publié dans Ma vida

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L
En le relisant, ça me fait toujours autant rire...
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S
Je viens de voir les 3 premiers "volets" de la séries... Le reste est pour demain soir. Pour l'instant, j'aime assez celui avec Manuel Blanc et Zoe Felix.
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O
En effet un peu long ... mais comme toujours bien écrit et bien drôle !!
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K
Excellent!
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L
Ton article est hilarant, j'en ai pleuré de rire !!!!Tu ressembles pas à Samuel Le Bihan (mais pas du tout) mais qu'est-ce que t'es drôle !
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