Heroes: critique sans spoiler
La voici, la voilà la série phénomène, celle qui supplanterait Lost. Certes, le buzz sur Internet est vif mais les audiences outre-atlantique ne sont pas transcendantes.
Voulez-vous que je vous dise, l'histoire non plus.
Dans le monde (mais surtout aux Etats-Unis), plusieurs personnes découvrent qu'elles sont douées de pouvoirs surnaturels. Non sans surprise mais aussi avec plaisir car, il faut l'avouer, c'est bien cool de savoir voler. Ou de peindre l'avenir. Ou d'entendre ce que les gens pensent. Entre autres. Mais très vite, le plaisir laisse place à l'angoisse car ces super héros découvrent qu'ils ont une mission, et pas des moindres nom de Dieu: sauver la planète. Les indications leur tombent dessus par hasard et au compte-gouttes pour mener à bien cet ambitieux dessein. Comme les spectateurs, ils apprennent peu à peu que ce qui menace le monde est en fait une explosion atomique d'origine inconnue. Et que pour l'éviter, le job commence par le sauvetage d'une pom-pom girl. Ah bon pourquoi? Ben, vous verrez bien.
World Trade Centré
Bien entendu, on peut penser à Lost pour l'atmosphère étrange et les nombreux mystères qui s'accumulent. Mais plusieurs différences majeures sont à noter. D'une part, les énigmes trouvent assez rapidement leurs solutions (à l'inverse de la série de J.J. Abrams où au bout de 3 ans, on est toujours dans le brouillard). D'autre part, le fantastique est ici clairement affirmé, revendiqué, exploité (au contraire de Lost qui essaie toujours de nous faire croire que les interrogations trouveront des réponses rationnelles - mon cul, ouais).
On peut penser à X. Men mais l'ambiance ici est beaucoup plus sombre, apocalyptique (en témoignent les couleurs de l'image, l'esthétique) sans kitcherie aucune et d'un certain point de vue, plus ancrée dans le réel.
Notamment métaphoriquement puisque la parabole sur le 11 septembre n'est pas loin et pas seulement pour cette menace permanente de l'explosion. Ainsi, la grave responsabilité des super héros peut faire écho à celle, non moins grave, des USA en temps de guerre.
Le pouvoir de dire bof
Ca, c'est pour le fond de l'air. Pour l'intrigue en elle-même, il faut dire que la série démarre sur les chapeaux de roues et aligne une bonne première dizaine d'épisodes sans temps mort. Chaque nouveau super héros découvert donne lieu à d'enthousiasmantes situations, notamment à travers le personnage de Hiro qui peut voyager dans le temps (mais l'acteur qui l'interprète surjoue et provoque parfois l'agacement).
Passé ce démarrage trombesque, donc, le rythme se ralentit et l'atmosphère s'appauvrit. Les personnages se multiplient, presque comme des bouches-trous, et se laissent tomber comme des kleenex au bout d'un ou deux épisodes. Sans compter que l'intrigue devient sérieusement tortueuse, éparpillée et finalement, poussive. A force d'avoir ouvert 36000 pistes avec 36000 protagonistes, les scènes s'expédient sans émotion dans un bâclage assez flagrant.
Moralité: il n'est pas certain que TF1 réussisse son coup en remplaçant Lost par Heroes le samedi soir (Lost étant recalé au lundi, en deuxième partie de soirée). Mais on s'en tape, après tout, ils survivront.