La jeune fille de l'eau

Publié le par Tibo

     En quelques années, Shyamalan s'est tracé un univers bien défini: le fantastique surgit dans le réalisme le plus tristounet, les personnages cachent tous une grande fêlure, la fin  apporte un éclairage nouveau sur ce qui a précédé, grâce à un twist innatendu...

     Et puis, peu à peu, on a entrevu derrière le cinéaste et narrateur talentueux, un penseur plus inquiétant, traditionnaliste, réac (le monde actuel fait peur, le mal est partout...). Quand Mel Gibson retrouvait la foi dans Signes, quand le demeuré interprété par Adrian Brody était sacrifié pour sauvegarder les traditions dans Le Village, quand Bruce Willis se muait en justicier pour punir les vilains déliquants urbains dans Incassable...Shyamalan s'accordait bien à son ère Bushiste.

     Et puis voilà cette jeune fille de l'eau - l'histoire d'un concierge qui recueille une nymphe menacée par d'étranges créatures. Le pire film du réalisateur: bâclé et plat.

     S'il avait pris la voie des précédents films, Shyamalan nous aurait par exemple aiguillé sur une fausse piste (la jeune fille n'est pas une nymphe) avant de nous révéler la vérité dans un rebondissement final (c'en est une). Ce n'est pas le chemin choisi. Problème: il n'y a plus de mystère, plus de suspense.

     Il n'y en a pas plus autour des personnages: devinez quoi, ce brave concierge cache une fêlure, en relation avec la cellule familiale - bien sûr. Comme tous les autres personnage du cinéaste.

     Et que dire de la manière dont avance l'intrigue -un gamin voit des indices sur les paquets de pop-corn (y aurait-il de la cocke dans les corn flakes de Shyamalan?) - ou des créatures qui font honte aux images de synthèse?

     Si d'un point de vue purement cinématographique, cette jeune fille de l'eau boit la tasse, le discours de Shyamalan aussi. Quand il se met en scène dans le rôle d'un gourou apportant la paix dans le monde et que l'on fait le compte de ses idées (nauséabondes, donc), on peut avoir peur. Et quand, en plus, il créé un rôle de critique de cinéma, abject, uniquement destiné à répandre la honte sur ceux qui ne partagent pas sa pensée et que son destin (il sera dévoré par l'une des créatures) n'est que le défouloir du réalisateur, on se dit qu'on est pas les bienvenues chez Shyamalan. Ceux qui n'aiment pas son cinéma sont priés d'aller se faire foutre.

Toi-même.

Publié dans Cinéma

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D
Moi il m'a surtout fait pitié ce film... Je sais pas bien ce qui lui a pris. Sans doute un délire, une erreur de "jeunesse", je ne sais pas... Je vais tâcher de très vite l'oublier...
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K
Non, sérieux, y a que moi qu'il a fait rire ce film?
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K
Je pense qu'il faut plus voir ça comme du second degré, et prendre ça avec humour. Le gamin qui cherche les signes dans les corn flakes, c'est un clin d'oeil à tous ses précédents films où il y avait des indices à droite et à gauche. C'est son plus mauvais film, d'accord, mais un mec qui a réalisé des petits bijoux comme Incassable - qui raconte une histoire de super-heros de façon très originale, je dirais comment un jour si tu veux - et Sixième Sens, bon, ben on peut bien lui pardonner un truc moins bien, même si c'est clair que le coup du critique manque de finesse (et c'est peu de le dire).
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