Selon Charlie
Il vaut mieux faire la part des choses entre les acteurs et le rôle qu'ils interprètent, entre leur talent et leur personnalité. Si je n'avais pas différencié celà, je ne serais pas allé voir Selon Charlie, sixième film de Nicole Garcia (après notamment Le fils préféré, L'adversaire...). Pour cause, deux de ses acteurs principaux, Bacri et Lindon, ont fait preuve d'un mépris et même d'un total manque de respect envers tout ceux qu'ils croisaient durant leur promo (allez voir ici pour un exemple).
Mais j'aurais raté un beau film.
C'est l'histoire de sept personnages qui se croisent dans leur quotidien morose: Jean-Louis (Bacri) est Maire d'une petite ville normande et aime une jeune fille de vingt-cinq ans. Serge (Lindon) trompe sa femme, avec la complicité involontaire de son fils Charlie, perturbé. Son amante est la femme de Pierre (Magimel), professeur de SVT qui a du renoncer à son avenir d'explorateur après un traumatisme. Traumatisme qu'il a connu avec Mathieu, devenu un chercheur fameux. Non loin, un tennisman qui vient de rater son tournoi, s'entraîne. Le septième personnage s'appelle Joss(Poelvoorde) et c'est un délinquant en liberté conditionnelle qui s'apprête à récidiver.
Selon Charlie pourrait ressembler à ces films puzzle, destins croisés (Altman ou plus récemment 21 grammes ou Collision). Mais les relations, les liens entre les personnages sont plus proches de l'anecdotiques, moins structurés, moins flagrants. Le film ressemble davantage à une compilation de sept récits plutôt qu'à un arbre duquel partirait chaque branche. Du coup, certaines histoires sont moins développées que d'autres et laissent le spectateur imaginer, déduire le pourquoi du comment (pourquoi ce tennisman veut-il mourir, par exemple?).
Le point commun évident, c'est cette solitude persistante et déprimante.Avec son regard de femme, Garcia ausculte le coeur des hommes, leur fragilité, les illusions perdues, les obligations, les terreurs indicibles, les échecs, les regrets, les passions, le désamour.
Certes, on en a vu d'autres, des films comme ça développant la même thématique et allant parfois plus loin (ne serait-ce que Le fils préféré de la même réalisatrice). Selon Charlie n'est pas réellement abouti. Il y a ainsi des chemins qui auraient pu être davantage arpentés (comme ces références à l'univers religieux).
Mais pour autant, le film captive et émeut beaucoup. La beauté de nombreux plans, l'indéniable talent de narratrice de Nicole Garcia et bien sûr, mais est-ce vraiment surprenant, la qualité du casting (des connus aux peu connus) accrochent et donnent envie de percer la brume qui entoure chacun de ces personnages.
Si Bacri m'a déçu sur les plateaux de TV, la déception ne s'est encore jamais fait ressentir sur le grand écran. Tant mieux.