Le vent se lève
En 1920, des paysans irlandais s'unissent pour résister à l'envahisseur anglais.
Palme d'or à Cannes, le nouveau film de Ken Loach tient autant du particulier (le devoir de mémoire) que de l'universel (les questions qu'il posent s'appliquent à tant de conflits et de tragédies).
Filmé sobrement, le film suit le combat d'un groupe de résistants, des premiers doutes jusqu'au point de non-retour. La première partie est marquée par une grande violence (celle que commettent les milices anglaises contre les irlandais - résistants ou non). Les scènes s'enchaînent: passages à tabac, tortures. Difficile à supporter.
Puis, Le vent se lève prend des allures plus explicatives, théoriques, sans rien perdre de son énergie et de son intelligence: le débat émerge. Quand vient l'heure des négociations, faut-il accepter un compromis ou faut-il se battre jusqu'au bout? Les résistants doivent-ils s'en tenir au "tout ou rien" ou lâcher du lest?
Brûlant de colère, Ken Loach pourrait aussi parler d'autres guerres d'occupation. Derrière les atrocités des miliciens, on pourrait voir celles de Waffen S.S. On pourrait aussi penser à l'occupation de la Palestine par Israël. Et à bien d'autres combats, même si tous sont différents évidemment.
Devient-on un lâche lorsqu'on accepte un compromis - ou au contraire le sauveur de quelques vies? Et si l'on se bat jusqu'au bout, jusqu'à la mort, devient-on un martyr et un valeureux combattant, ou l'assassin des vies que l'on a entraînées avec soi?
On peut se poser la question sur de nombreux conflits différents - même si la réponse ne sera peut-être pas toujours la même. Ken Loach aurait plutôt tendance à prendre parti dans son film (pour la résistance jusqu'au bout, le tout ou rien) mais son humanité laisse ouvertes les portes et ne condamne pas les autres lapidairement.
En plus d'un très beau film, Le vent se lève est donc utile.